Cette existence qui m'a été donnée.

Une heure du matin. Le silence règne, et l'obscurité enveloppe tout. Je perçois cette seconde, et puis cette autre, je fais le bilan de chaque minute, comme si le temps s'étirait à l'infini. Pourquoi tout cela ? — Parce que je suis né. Cette existence, ce fardeau d'être, je le porte malgré moi, questionnant sans cesse le pourquoi de ma présence ici, en cette heure si tardive.

C'est d'une sorte spéciale de veilles que dérive la mise en cause de la naissance. Ces nuits sans sommeil où les pensées tourbillonnent, où les doutes et les angoisses prennent le dessus. La tranquillité apparente de la nuit contraste avec le tumulte intérieur. Chaque seconde devient une éternité, chaque minute une réflexion profonde sur le sens de la vie et de l'existence. Que signifie être né ? Quel destin m'attend ? Ces questions sans réponse hantent mes insomnies.

« Depuis que je suis au monde » — ce depuis me paraît chargé d'une signification si effrayante qu'elle en devient insoutenable. Le poids des années, la somme des expériences, les espoirs et les déceptions, tout cela se concentre en ce mot. Depuis... Comme un fardeau, un héritage imposé sans consentement. Et pourtant, malgré la peur et les doutes, il y a aussi une curiosité insatiable, une quête de comprendre et de trouver un sens à cette existence qui m'a été donnée.

 

Patrick Thuillier